Les coachs posent des questions, Socrate pose des questions… Donc Socrate est un coach.

Bon bon ok, je fais référence à un syllogisme bien connu avec un titre qui n’en n’est pas un (si vous ne savez pas pourquoi, je vous renvoie à la définition. Mais ce n’est pas du tout le sujet de ce billet).

Aujourd’hui, je me suis intéressé au questionnement. En tant que coach, notre rôle premier est d’accompagner la réflexion des personnes sur des sujets que nous mettons en lumière. Autrement dit, nous ne donnons pas les sujets, encore moins de solutions, mais nous braquons notre projecteur sur des endroits pouvant être sources de problèmes (et donc d’améliorations).

Le choix du sujet d’amélioration et la manière de progresser dans l’analyse de celui-ci ne sont connus que des personnes travaillant au quotidien sur ces sujets. Le coach n’est donc pas là pour dire quoi faire, mais pour éclairer le chemin de la réflexion. Et sa manière d’y arriver est : le questionnement.

Cecil Dijoux, coach, blogger et auteur du livre hyperlean, m’a parlé un jour du questionnement socratique. Je me suis dit qu’il avait peut-être pris un apéro un peu fort pour me parler d’un mec qui a vécu vers 430 avant J.C. dans le but d’accompagner la résolution de problèmes d’une équipe IT en 2018.

Et puis ma curiosité ayant toujours le dernier mot sur ma manière de vivre, j’ai fait quelques recherches sur le sujet. Il se trouve qu’en effet, Socrate avait tout compris à l’esprit de coaching et que 2 448 ans après, nous avions pas mal de choses à apprendre de lui sur ce sujet.

Qui est Socrate

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Je ne sais pas si vous êtes comme moi, mais personnellement quand le sujet principal d’un article porte sur une personne, j’aime savoir de qui il s’agit. Je vais donc résumer en quelques lignes qui est ce monsieur barbu.

Socrate était un philosophe grec du Ve siècle avant J.C. Il enseignait à tous par le questionnement en commençant par la reconnaissance de l’ignorance : « Je sais que je ne sais rien ». Tellement persuadé de la puissance du dialogue, il n’a laissé aucun écrit et c’est grâce à ses disciples « Platon » et « Xénophon » que nous avons des connaissances sur ce personnage.

Il est à l’origine (entre autre) du fameux « connais-toi toi-même », du concept des « trois tamis« , et de ce qui nous intéresse le plus : « Le questionnement socratique ».

Questionnement socratique

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Le but du questionnement socratique est triple :

  • rendre visible et observable les idées de son interlocuteur
  • amener l’interlocuteur à réfléchir et à approfondir la connaissance d’un sujet
  • élargir les perspectives

Une discussion menée par le questionnement socratique amènera donc l’interlocuteur à élargir sa réflexion et à trouver de nouvelles perspectives. Des questions choisies et biens posées lui permettront de pousser son raisonnement afin de déterminer la véracité et la fiabilité des hypothèses qu’il porte. Pour se faire, l’idée générale est d’examiner les conséquences et faire le tri entre ce qui vient des croyances et ce qui vient de faits ou de son expérience.

Le questionnement socratique, exige donc une écoute extrêmement attentive de son interlocuteur dans le but de formuler LA question ouverte qui permettra de construire sa réflexion. C’est un procédé très largement utilisé en thérapie cognitive.

Voici quelques exemples de questions socratiques classées par catégorie selon le but souhaité par le coach.

Questions de clarification

  • Qu’entendez-vous par … ?
  • Quelle est votre difficulté principale ?
  • Quel est le lien entre … et … ?
  • Vous est-il possible de reformuler ?
  • Je ne suis pas sûr de bien vous comprendre ; voulez-vous dire que … ou bien que … ?
  • De quelle manière est-ce en relation avec notre problème/discussion ?
  • Jeanne, pouvez-vous résumer avec vos propres termes ce que Pierre a dit ? … Pierre, est-ce bien ce que vous avez voulu dire ?
  • Pourriez-vous me donner un exemple ?
  • Est-ce que ceci conviendrait comme exemple : … ?

Questions sur les hypothèses

  • Que supposez-vous ?
  • Que suppose Jeanne ?
  • Quelle supposition pourrions-nous faire à la place ?
  • Il semble que vous supposez que …. Est-ce que je vous comprends correctement ?
  • Tout votre raisonnement dépend de l’idée que …. Pourquoi avez-vous basé votre raisonnement sur … plutôt que sur … ?
  • Il semble que vous supposez que …. Qu’est-ce qui vous fait penser que c’est vrai ?
  • Est-ce toujours le cas ? Pourquoi considérer cette supposition comme une évidence ?
  • Pourquoi pourrait-on faire une telle supposition ?

Questions sur les raisons et les preuves

  • Pouvez-vous nous expliquer vos raisons ?
  • Comment ceci s’applique à notre cas ?
  • Y a-t-il une raison de douter de cet argument ?
  • Qui pourrait savoir si cela est vrai ?
  • Que pourriez-vous répondre à une personne qui dit que … ?
  • Quelqu’un d’autre peut-il donner un argument qui conforte cette opinion ?
  • Par quel raisonnement êtes-vous arrivé à cette conclusion ?
  • Comment pourriez-vous découvrir si cela est vrai ?

Questions sur les opinions ou les points de vue

  • Qu’en concluez-vous ?
  • Quand vous dites …, en concluez-vous que … ?
  • Si cela se passait, quelles en seraient les conséquences ? Pourquoi ?
  • Quel effet cela pourrait-il avoir ?
  • Est-ce que ceci surviendrait nécessairement ou seulement probablement/peut-être ?
  • Y a-t-il une alternative ?
  • Si … et … sont avérés, qu’est-ce qui pourrait aussi être vrai ?
  • Si l’on dit que … est éthique, qu’en est-il de … ?

Questions sur les implications et des conséquences

  • Comment peut-on découvrir que … ?
  • Dans cette question, quelle supposition fait-on ?
  • Est-ce qu’une autre personne poserait cette question différemment ?
  • Comment pourrait-on améliorer cette question ?
  • Pouvons-nous entièrement décomposer cette question ?
  • Cette question est-elle claire ? Est-ce que nous la comprenons ?
  • Est-il facile ou difficile de répondre à cette question ? Pourquoi ?
  • Sommes-nous tous d’accord que c’est là la question ?
  • Avant de répondre à cette question, à quelles autres questions devrions-nous répondre d’abord ?
  • Comment … exposerait ce sujet ?
  • Pourquoi ce sujet est-il important ?
  • Est-ce la question la plus importante, ou y a-t-il une question sous-jacente ?
  • Pouvez-vous voir en quoi cela pourrait être lié à … ?

Conclusion

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Le questionnement socratique est difficile à maîtriser. Poser la bonne question au bon moment nécessite une concentration et une maîtrise extrême. Socrate était donc bien l’ancêtre du coach.

Un petit conseil pour débuter. Pour chaque question, commencez par identifier ce que vous souhaitez connaitre (clarifier ou valider une hypothèse, une raison, une conséquence, etc.) et ensuite, focalisez-vous sur les deux règles principales du questionnement :

  • Ne jamais partir avec des idées prédéfinies
  • Ne jamais poser de questions fermées pouvant accepter un simple « oui » ou « non » en réponse

Alors êtes-vous prêt ?? pourquoi avez-vous lu cet article ? pour quelles raisons souhaitez-vous utiliser le questionnement socratique ?

 

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